Par testament,
il laisse 50 000 francs
pour la création d’une école d’apprentissage.

L’ÉCOLE PRATIQUE D’INDUSTRIE CÉSAR BAGGIO Ce n’est que trois ans après la mort de César Baggio, que le projet de création d’une école pratique d’industrie est repris par la municipalité du maire socialiste Gustave Delory. Charles Debierre, maire adjoint à l’Instruction publique, propose la création d’une école, à l’image de celles de Paris : les écoles Diderot (1872), École Boulle (1886) et École Estienne (1886).

Les buts sont simples : lutter contre l’apprentissage, qui se résume souvent à une surexploitation des enfants et donner une qualification professionnelle aux fils de la classe ouvrière. 

 

LA CONSTRUCTION

Le lycée César Baggio est l’image du progrès technique et architectural des années 1930. À l’origine, l’établissement prend le nom d’Institut Diderot, car il réunit d’une part l’école primaire supérieure Benjamin-Franklin et d’autre part l’école pratique d’industrie César-Baggio. Il est l’un des éléments du vaste plan d’urbanisme conçu en 1930-1931 par Roger Salengro, maire de Lille. Le projet est adopté en 1934 ; les travaux commencent en 1936 et le bâtiment est inauguré en 1938. L’ensemble se divise en deux parties distinctes : l’école théorique, tournée vers le sud, et l’école pratique. Cette école pratique située en face du bâtiment théorique, le long du boulevard d’Alsace ressemble à une usine. 

César Auguste BAGGIO 
1846 – 1893

César Baggio est un avocat français, adjoint au maire de Lille et promoteur de la gymnastique dans le Nord.

Son érudition en matière juridique, ainsi que ses compétences orales en font un avocat réputé et brillant.

En 1892, César Baggio est reconnu par le bureau de bienfaisance de Lille comme l’un des principaux bienfaiteurs des pauvres.

L’INSTITUT DIDEROT

LE STYLE ARCHITECTURAL

Le bâtiment de l’école théorique, tourné vers le sud, est de style art déco : utilisation des briques vernissées, de lignes géométriques qui soulignent le retour à un certain classicisme architectural. Le décor de la façade et de la grande entrée sont constitués d’étoiles et de soleils aux formes géométriques, qui évoquent la lumière. De plus, on perçoit l’influence du compagnonnage et de la franc-maçonnerie. Il est composé de trois étages.  Deux ailes assurent la liaison entre les deux écoles, mais l’une d’entre-elles a été partiellement détruite lors du bombardement de juin 1944. L’école théorique, longue de 158 mètres, rappelle les anciens remparts qui passaient au même endroit que le lycée, et son entrée imposante n’est pas sans rappeler les portes de la ville.

POURQUOI DENIS DIDEROT

Denis Diderot est né à Langres dans une famille aisée. Il est un élève brillant mais indiscipliné des jésuites. Il abandonne ses études de droit pour mener une vie de bohème à Paris à partir de 1735. Il écrit différents ouvrages philosophiques. De 1745 à 1772, il déploie toute son énergie à la réalisation de l’Encyclopédie, qui comporte 17 volumes de texte et 11 volumes de planches. Charles-Joseph Panckouke, issu d’une famille d’imprimeurs lillois, est l’un des éditeurs de l’Encyclopédie de Diderot à la fin du XVIIIe siècle. Lorsqu’il faut donner un nom au nouvel établissement qui réunit, en 1938, l’école pratique Baggio et l’école primaire supérieure Franklin, le nom de Denis Diderot s’impose à la fois comme éditeur de l’un des ouvrages les plus prestigieux qui soit imprimé au XVIIIe siècle et comme l’un des Philosophes des Lumières qui doivent éclairer le monde.

"Il faut fouler aux pieds toutes ces vieilles puérilités, renverser les barrières que la raison n’aura point posées, rendre aux sciences et aux arts une liberté qui leur est si précieuse"
Denis Diderot

JACQUES ALLEMAN
1882 – 1945

• Architecte : Jacques Alleman étudie à l’école des beaux arts de Paris, ancien combattant, républicain et franc-maçon, émaille l’œuvre qu’il construit de mandalas géométriques et rationnels, affirmation anti-fasciste de principe : le monde est à découvrir ; il est dominé par la raison.



• Ingénieur-architecte : M. Chenal.

 

Première formation
au lycée Baggio
encore existante
à ce jour.

LES INDUSTRIES GRAPHIQUES PRÉ-PRESSE ET IMPRIMERIE

LA SECTION DE L’IMPRIMERIE

Elle a été créée en 1899 en même temps que deux autres sections le Fer et le Bois. Les spécialités enseignées de cette section étaient la composition et l’impression typographique, le dessin sur pierre litho et l’impression litho. Cette filière professionnelle s’appellera la Section du Livre.
En 1938, les ateliers de l’imprimerie déménageront vers de nouveaux locaux dans le nouvel « Institut Diderot ». L’imprimerie est installée au rez-de-chaussée de l’aile ouest.
En 1965, suite à la décision de stopper la filière du bois, ces locaux sur deux étages seront attribués à l’imprimerie. Ils sont situés au coin nord-est. 
En 1994, les plateaux techniques seront en totale rénovation sur les deux étages (2 000 m²) pour une meilleure adaptation des nouveaux matériels techniques entre les ateliers du pré-presse, de l’impression et de la finition.À ce jour, nous sommes devenus le Pôle Régional de formation aux métiers de la Communication et des Industries Graphiques en charge de former des jeunes
 

 

LE MATÉRIEL

Depuis plus de 30 ans, le digital a fait une entrée fracassante dans nos métiers par l’intermédiaire des ordinateurs et des logiciels de mise en page, de dessin, d’image, de numérisation, imprimantes, presses numériques, logiciel de codage, logiciel d’imposition, computer to plate, presses offset 5 couleurs, traceurs grands formats, assembleuse, raineuse, machine de découpe… 

LES ENSEIGNANTS

En 1899, quatre enseignants, en 2000, la section comptait 20 professeurs d’enseignement scientifique, technique et industriel. Aujourd’hui, nous sommes 11 professeurs. Mais comme nos anciens collègues avec la volonté de transmettre la passion de nos métiers. 

Johannes Gutenberg  1397 – 1468

Imprimeur d’origine allemande, Johannes Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie, qui permis de diffuser le savoir en Europe via les livres, comme la Bible.

MONUMENT AUX MORTS

L’occupation du lycée de 1940 à 1944

En août 1939, les prémices de la guerre se font ressentir. Le 3 septembre, c’est la guerre. La rentrée s’effectue le 12 octobre et dans la première matinée a lieu le premier exercice d’alerte. Pendant les mois de mai et juin 1940, l’institut Diderot sert d’asile à de nombreux réfugiés puis est entièrement occupé par les troupes allemandes. Lors de l’occupation, les Allemands avaient installé une cloison afin de séparer l’école des troupes qui se servirent très largement sur l’espace qui était disponible. D’un côté, l’école de la liberté, de l’autre l’apprentissage de l’esclavage. Le 28 décembre 1940, un portrait d’Hitler est lacéré dans une des salles du troisième étage aménagée en salle des fêtes où les Allemands fêtaient leurs victoires temporaires. Cet incident entraîne l’incarcération à la prison de Loos de monsieur Roussel, sous-directeur de l’école pratique, de monsieur Colpin, directeur intérimaire de l’école primaire supérieure et de 10 élèves. Le 30 septembre 1941, les Allemands quittent provisoirement l’école. Le 29 janvier 1942, l’école est réoccupée. Les élèves sont devenus les protecteurs antiaériens de l’armée allemande. Les alertes se succèdent de plus en plus rapidement et le temps consacré au travail se réduit. La situation dangereuse de l’établissement près d’une voie ferrée où sont parfois garés des trains de munitions fait décider la fermeture immédiate de l’école. Le 22 juin 1944 à 19 heures, l’établissement paie le tribut de la guerre, quatre bombes écrasent une partie des ateliers et la salle d’éducation physique et trois autres éclatent dans la cour. Désormais les troupes allemandes ne sont plus les seules dans le bâtiment, les Français travaillent en cachette dans l’aile ouest. Le 6 août 1944 à 6 heures, les Allemands sonnent à la porte du directeur, qui n’ouvre pas, mais n’insistent pas. Quelques jours après les événements dramatiques, la nouvelle de l’arrestation de Raymond Deken, professeur d’anglais, fut annoncée. Celui-ci avait été nommé à Valenciennes pour y organiser la Résistance. Il fut repéré par la Gestapo car il faisait de nombreux allers et retours entre son poste et Lille.

"Hommage aux membres du personnel enseignant, aux élèves, aux anciens élèves morts au champ d’honneur et aux victimes civiles du collège technique Baggio de Lille, durant la guerre 
1939-1945 du directeur Henri Fontaine. "

Raymond DEKEN 1910 – 1944

Né le 25 février 1910 à Ambouts-Cappel (Nord), exécuté le 1er septembre 1944 dans le bois d’Onnaing (Nord) par les Allemands ; professeur ; résistant, réseau Action (BCRA). Professeur d’anglais au collège technique Baggio, avait 35 ans quand il fut mobilisé en août 1939 pour la guerre où il était lieutenant interprète près
de l’armée anglaise.

Tous ces soleils
éclairent le monde
comme la raison
éclaire l’esprit.

L’ETOILE DE BAGGIO La façade du lycée Baggio est ornée d’étoiles dessinées par les briques vernissées. Tous les détails sont soignés : appuis des chéneaux, chevrons des toitures, colonnes de béton apparent, briques vernissées résistant aux salissures de la pollution atmosphérique… Il est impossible d’imaginer que le soin apporté par l’architecte soit l’effet du hasard et pourtant Jacques Alleman n’a laissé aucun écrit qui appuierait une interprétation certaine.

La première idée qui vient à l’esprit, est que cette façade étoilée se trouve à proximité de l’observatoire de Lille et que l’Institut Diderot aurait dû abriter une section de mécanique aéronautique. 

La deuxième piste est à rechercher du côté de la lumière. Tous ces soleils éclairent le monde, comme la raison éclaire l’esprit. Ici la référence est directe au siècle des Lumières.
L’analyse plus précise d’une des étoiles permet une troisième interprétation. Au centre, le carré évolue en octogone d’où surgissent des pentagones et des triangles. À travers les vagues, se reforment un octogone et enfin un cercle. D’un point de vue strictement ésotérique, la figure transmue le carré en cercle, la terre en ciel, l’ignorance en connaissance, une métaphore transparente pour un établissement d’enseignement et d’apprentissage.

Jacques Alleman, ancien combattant, républicain et franc-maçon, émaille l’œuvre qu’il construit de mandalas géométriques et rationnels, affirmation antifasciste de principe : le monde est à découvrir ; il est dominé par la raison. 

Siècle des Lumières
1715 – 1789

Le siècle des Lumières correspond à un mouvement littéraire et philosophique qui se développe entre 1715 et 1789 dans toute l’Europe. Les philosophes des Lumières ont à cœur de permettre au peuple d’accéder au vrai savoir, à la liberté et au bonheur.

LE BÂTIMENT A

A Amphithéâtre

Construit en 1938, en même temps que l’Institut Diderot. Il est actuellement en demande de réhabilitation. et de mise aux normes.

B. Balcon

Du balcon, on a une vue imprenable sur le jardin des plantes. Dans le sas d’entrée, on peut observer inscrit sur le balcon le texte ci-dessous : Cet édifice dû à l’initiative de M. Roger Salengro, Député Maire de Lille a été inauguré le 24 septembre 1938 par : • M. Jean Zay, ministre de l’éducation nationale • M. Charles Saint Venant Député maire de Lille • M. Louis Dompsin, Adjoint Délégué aux Travaux • M. Maurice Planque, Secretaire Général de la Mairie • M. Paul Cochez, Directeur des Travaux Municipaux

C. Plafonnier

L’œuvre de Jacques Alleman (architecte) est toujours marquée par une symbolique ésotérique, inspirée par la franc-maçonnerie. Ici, il s’est inspiré du double D de Denis Diderot, référence redoublée par la présence sur le portail et dans le hall d’entrée. D est la quatrième lettre de l’alphabet ; deux D font donc huit, symbole qui se retrouve dans l’octogone des colonnes du hall d’entrée et sur les étoiles.

D. Les sous-sol

À la construction en 1938 de l’Institut Diderot, au sous-sol, sera créé : – un réfectoire pour 256 élèves avec cuisine office de distribution des plats, réserves de vivres, salle de préparation des aliments ; – deux chaufferies seront installées, dans l’aile gauche et l’aile droite, avec les soutes de charbon ou mazout et locaux pour les scories ; – un vaste garage à bicyclettes et un local de douches pour les élèves. Aujourd’hui, le sous-sol est réservé aux agents d’entretien et aux archives.

L’évolution des formations de 1945 à nos jours

1945 Un recrutement après la classe de cinquième ou le certificat d’études.
Trois diplômes préparés :
• le CAP (le certificat d’aptitude professionnelle)
• le BEI (le brevet d’enseignement industriel, diplôme préparé en 4 ans après la 5e)
• le BEC (le brevet d’enseignement commercial).
Des spécialités variées : la mécanique (ajustage, fraisage, tournage), l’ébénisterie, le modelage, l’imprimerie, l’horlogerie, la forge et la fonderie, la chaudronnerie, l’électricité, la radio-électricité, la menuiserie, la mécanique automobile, le dessin industriel, les sections commerciales.

1947 Ouverture du Baccalauréat Technique Mathématiques. Pour la petite histoire, la première jeune fille scolarisée dans ce baccalauréat deviendra pilote de Caravelle.

1951 Ouverture de la première classe préparatoire aux grandes écoles.

1952 Le centre d’apprentissage qui fonctionnait à l’École nationale des industries et des arts et métiers rejoint le collège Baggio. Il évoluera plus tard en collège technique, en lycée d’enseignement professionnel, puis lycée professionnel.

1965 Apparition du Brevet de Technicien.
Spécialités : imprimerie, installation thermique, mécanique automobile, chaudronnerie.
1971 Apparition des Baccalauréats de Technicien. Baggio possédera 4 baccalauréats de technicien en énergie, électrotechnique, électronique, mécanique (F4-F3-F2-F1).

1973 Montée des formations bac+2 classes préparatoires et brevet de techniciens supérieurs.

À ce jour une évolution permanente d’offre de formation.
• 4 filières de classes préparatoires aux grandes écoles, la PCSI/PSI-PSI**, PTSI/PT-PT** et l’ATS pour les techniciens supérieurs (imaginée et mise en place par le lycée Baggio).
• Filière voie générale et technologiques en STI2D (4 options au choix) et STMG (rentrée 2022).
• 4 familles des métiers en voie professionnelle : métiers des industries graphiques et de la communication, métiers des transitions numériques et énergétique, métiers de la réalisation d’ensemble mécaniques et industriels et métier du modélisme et du prototypage 3D.
• 4 pôles comptant au total 11 brevets de techniciens supérieurs : pôle
Industries Graphiques, Génie Électrique, Énergétique et Génie Mécanique. 

Abdelaziz KISSANY
Proviseur en 2021

Le lycée Baggio est en constante évolution aussi bien dans les offres de formations, des systèmes et ressources de plateaux techniques, ateliers et laboratoire pour la construction d’un meilleur avenir.